Ce n'est pas le moment d'être pessimistes...
"Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix pour ses bien-aimés." (TOB Luc 2,14)
Alors que nous approchons de la fin de la Décennie "vaincre la violence" (DVV) et que nous nous tournons vers le Rassemblement œcuménique international pour la paix (ROIP), qui se tiendra à Kingston, Jamaïque, du 17 au 25 mai 2011, le temps est venu de réfléchir aux moments de paix et de violence que notre monde a connus au cours de ces dix dernières années.
Malheureusement, et malgré les efforts réguliers que fait l'humanité, nous voyons encore se poursuivre - et même dans certains cas s'intensifier - la violence, l'hostilité, l'injustice, la haine et l'oppression aux quatre coins du monde. Les espoirs et les grands discours des décennies passées, où le troisième millénaire serait une ère de paix, de réconciliation, de solidarité, de justice et de fraternité au sein de la race humaine, semblent aujourd'hui un rêve puérile. Le réveil est d'autant plus brutal qu'aujourd'hui, alors que nous traversons une crise financière sans précédent et que la vie quotidienne de millions de personnes à travers le monde se trouve affectée par la mondialisation de l'économie, tout espoir d'un avenir meilleur est vu comme une imprudence.
Comme l'ont remarqué de nombreux responsables religieux, cette crise n'est pas seulement une crise du système financier des pays développés, qui était censé assurer durablement un niveau de vie élevé, ni une crise systémique du capitalisme lui-même. En fait, cette crise a de profondes causes morales, spirituelles et éthiques. C'est cette même crise des valeurs qui place aujourd'hui le monde face à l'une des pires épreuves de son histoire, qui représente une menace énorme pour toute forme de vie sur Terre.
La paix n'est pas en danger aujourd'hui uniquement à cause des guerres qui opposent les pays ou de l'oppression des pauvres et des faibles. Depuis de nombreuses années maintenant, une autre "guerre" se déroule: la profanation de la création de Dieu par notre soif intarissable de ressources naturelles et d'énergie, les profits records des multinationales, l'accroissement de la production industrielle mondiale et l'extravagante hyperconsommation de biens.
Nombreux sont les scientifiques qui nous mettent en garde depuis plusieurs années contre les conséquences de cette "guerre". Jour après jour, année après année, nous subissons les changements climatiques, qui affectent déjà le mode de vie de beaucoup de gens dans le monde, menaçant jusqu'à leur survie même. Le réchauffement climatique frappe à notre porte. Les températures moyennes de ces deux dernières décennies ont été les plus hautes jamais enregistrées; de plus en plus d'espèces animales et végétales sont menacées d'extinction totale à cause des activités humaines; l'accès à l'eau potable est en train de devenir ici et là une question de vie ou de mort; des paysages somptueux risquent la destruction; les réfugiés écologiques sont de plus en plus nombreux et on estime qu'ils pourraient atteindre les 200 millions d'ici 2050.
Dans le cadre du programme de la DVV, de petites équipes œcuméniques, les "Lettres vivantes", se sont rendues dans divers pays ces dernières années pour exprimer leur solidarité envers les communautés confrontées à la violence sous différentes formes. En mai dernier, une délégation de Lettres vivantes a rendu visite aux Eglises, institutions œcuméniques et organisations de la société civile de Fidji, afin de se montrer solidaire avec les communautés luttant contre les conséquences des changements climatiques et d'attirer l'attention de la communauté internationale sur leurs conséquences catastrophiques.
Il convient de souligner que ce sont les populations du Pacifique, qui ont le moins contribué à cette menace mondiale, qui en subissent d'ores et déjà les premiers effets. La montée du niveau des mers en raison de la fonte des régions polaires, l'érosion des côtes et l'augmentation de la fréquence des typhons et ouragans dévastateurs dans la région mettent leur avenir en péril. A Viwa, une toute petite île au sud-est de Fidji, les 110 habitants ont déjà perdu quatre hectares de terres cultivables depuis 2002!
Les autorités gouvernementales sont contraintes de prévoir des solutions de réinstallation forcée dans d'autres pays pour des communautés entières, malgré le refus compréhensible de leurs citoyens, qui ne veulent pas quitter le pays de leurs ancêtres pour devenir des réfugiés sur des terres étrangères.
Les populations du Pacifique s'efforcent de faire prendre conscience au monde de leur situation, mais malheureusement, celui-ci semble ignorer la réalité. Les participants fidjiens à la COP15 ont fait part aux Lettres vivantes de leur déception vis-à-vis des maigres résultats de la conférence, qui opposaient un net contraste avec les grandes attentes de la planète, ainsi que de l'absence d'une volonté marquée de la part des principaux pollueurs de prendre les mesures qui s'imposent.
Pendant combien de temps allons-nous continuer à nous voiler la face devant les conséquences de nos actions? Nous demandons-nous si nous avons encore le temps de faire fi des avertissements que nous lance la nature ou pensons-nous que nos actions ne toucheront que d'autres personnes, bien loin de nous? En tant que jeune chrétien préoccupé par ce tournant clé pour la planète, je voudrais être à l'unisson avec les habitants de Viwa et demander à la communauté chrétienne mondiale, et en particulier à celles et ceux qui se réuniront en Jamaïque, de sensibiliser l'opinion publique à la menace que représentent les changements climatiques.
La destruction de la création est le dernier péché de l'humanité envers Dieu. Lui qui a créé le Monde ex amore et a fait de nous des seigneurs et des ministres. "Le SEIGNEUR Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour cultiver le sol et le garder." (TOB Genèse 2,15). Mais au lieu d'être des seigneurs et des ministres, nous nous sommes rendus coupables de violations et d'abus en détruisant de cette manière notre paix avec Dieu et sa création, notre unique foyer. Il est donc impératif que les Eglises appellent dès aujourd'hui à la repentance. Il est important de comprendre que nos choix politiques, notre croissance, notre prospérité et notre développement ont des répercussions dramatiques sur d'autres régions du monde et sur leurs populations.
Ce n'est pas le moment d'être pessimistes; nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir ce choix. Nous sommes en revanche appelés à devenir une voix prophétique pour le monde. Il est temps MAINTENANT que la communauté internationale mette en œuvre des décisions politiques sérieuses qui mettront au premier plan non pas la croissance débridée des marchés internationaux aux dépens de la qualité de vie des êtres humains et de la préservation de l'environnement, mais un équilibre entre la croissance matérielle et la poursuite à long terme de notre existence et de celle des générations futures, en harmonie avec la nature. Il est temps MAINTENANT d'adopter un nouveau mode de vie, plus respectueux, une nouvelle morale s'appliquant à tous les aspects de la vie et de l'activité des êtres humains. Il est temps MAINTENANT d'encourager un mode de vie respectant et protégeant le caractère sacré de la création, entretenant la dignité humaine et l'équité et promouvant l'éco-justice pour tous les êtres humains et créatures vivantes.
Nikos Kosmidis
Echos – Commission des jeunes du mouvement œcuménique
Membre de la délégation de Lettres vivantes dans le Pacifique
Chers sœurs et frères,
Alors que nous approchons à grands pas du Rassemblement œcuménique international pour la paix (ROIP) à Kingston, Jamaïque, je souhaiterais vous raconter mon expérience personnelle en tant que stagiaire pour les jeunes et la formation œcuménique au Conseil œcuménique des Eglises, ainsi que ma contribution aux préparatifs du ROIP.
J'ai contribué à préparer les études bibliques sur les quatre thèmes du ROIP, où les participants méditent et réfléchissent sur des passages qui seront discutés en petits groupes. L'autre élément de ma contribution à l'événement est le concours de rédactions lancé par Echos - Commission des jeunes dans le mouvement œcuménique. L'idée de ce concours est d'inviter les jeunes du monde entier à réfléchir au thème du ROIP - Gloire à Dieu et paix sur la terre - à l'écrit. Les cinq gagnants auront la chance de participer au ROIP.
Diverses possibilités s'offrent aux jeunes pour le ROIP. La réunion organisée avant l'événement pour rassembler tous les jeunes participant au ROIP s'efforcera, par la prière, le culte et d'autres activités, d'approfondir leur conception de la paix au sein du mouvement œcuménique. Les jeunes participants profiteront de l'occasion pour déterminer quelle stratégie adopter pour représenter au mieux la voix de la jeunesse pendant le Rassemblement. Outre la réunion préparatoire, divers ateliers et séminaires seront organisés par les jeunes et pour les jeunes sur les problématiques et thèmes du ROIP et, enfin, un programme de stewards sera mis en place pour les jeunes, qui pourront ainsi en savoir plus sur l'œcuménisme à travers le ROIP.
Je vous encourage, mes frères et sœurs, à vous diriger vers le Rassemblement œcuménique international pour la paix et à laisser Dieu planter la graine de l'unité de l'Eglise, afin que vous puissiez la porter à travers le monde et la partager dans vos paroisses, vos communautés et vos Eglises. Pour obtenir des informations complémentaires, veuillez consulter la page web sur les jeunes du COE: www.ecumenicalyouth.org.
Vous êtes le présent, pas l'avenir.
Anastasia Dragan
Le colloque thématique suivant sera le dernier d'une longue série qui, depuis 2007, a contribué à la préparation du ROIP:
Pour de plus amples informations sur les colloques d'experts qui ont eu lieu jusqu’à présent, consultez notre site web.
Depuis notre dernier numéro, la visite de Lettres vivantes suivante a eu lieu:
Pour de plus amples informations sur les visites de Lettres vivantes qui ont eu lieu jusqu’à présent, consultez notre site web.
La seconde et dernière réunion du Groupe de rédaction de la DVV s'est tenue à l'Ecole de théologie du Proche-Orient (NEST), à Beyrouth, Liban, du 27 septembre au 3 octobre 2010. Les membres du groupe se sont penchés sur les nombreuses réactions qu'ils ont reçues - essentiellement d'Europe - au second projet rédigé à Bogota en mars dernier.
Le projet a été en grande partie revu et sa version définitive sera prête début novembre. Par ailleurs, le groupe a également travaillé sur un document complémentaire portant sur des considérations théologiques et éthiques plus développées, des propositions d'études approfondies et des exemples de bonnes pratiques. Avec la contribution du Rassemblement œcuménique international pour la paix, à Kingston (mai 2011), ces documents devraient permettre à l'Assemblée du COE, en 2013, de parvenir à un nouveau consensus œcuménique sur la justice et la paix.
A Beyrouth, les membres du groupe ont en outre rencontré des représentants du Conseil des Eglises du Moyen-Orient et du Groupe islamo-chrétien, ainsi que de professeurs de la NEST. En l'absence du catholicos Aram Ier de l'Eglise apostolique arménienne (Cilicie), c'est l'évêque Nareg Alemezian qui a reçu le groupe au siège de l'Eglise, à Antélias. Les membres ont également visité le monastère Saint-Michel de Baskinta (Patriarcat orthodoxe grec d'Antioche) et ont pu se faire une idée de la vie monastique de cette Eglise au Liban.
Les formulaires de désignation et les candidatures ont été reçues et une liste des participants va pouvoir être élaborée avant fin novembre 2010. Dans la mesure du possible, les participant(e)s s'inscriront en ligne: ils et elles vont recevoir une identification personnelle ainsi qu'un mot de passe qui leur permettront de s'inscrire dès janvier 2011.
Le processus de sélection des ateliers est terminé et une vingtaine d'ateliers motivants et stimulants ont été choisis pour chacune des huit séances de "reasoning" au programme. Les participants recevront des informations complémentaires et auront la possibilité de s'inscrire à des ateliers lorsqu'ils procéderont à l'inscription pour le Rassemblement.
Une série de petits clips vidéos a été compilée, avec des témoignages de personnes racontant leur expérience de pacification dans leur communauté, ainsi que leur apport sur l'importance du ROIP. Le premier de ces clips est disponible sur le site web du ROIP depuis la semaine dernière.
Le Groupe de travail sur la vie spirituelle s'est réuni à Bossey du 7 au 11 septembre et s'est attelé à la tâche du contenu des services de prières et à la réalisation du livres de chants du ROIP, qui sera intitulé "Chanter la paix", constituant la troisième et dernière publication de la série, après Imaginer la paix et Raconter la paix.
“Dem Dry Bones”
par Jason Henry
Référence: Ezéchiel 37,1-14
Il y a des moments dans notre vie où nous nous sentons comme pris au piège, étouffés ou écrasés par l'un des nombreux maux qui affectent ce monde, qu'il soit d'ordre financier, spirituel ou relationnel. Nous nous demandons souvent s'il existe une porte de sortie. Y a-t-il un échappatoire à la course effrénée vers la liberté et un authentique sentiment de paix?
Le prophète Ezéchiel rapporte de nombreuses visions dans son livre. L'une des plus marquantes est celle de la vallée des ossements desséchés, qu'on trouve au chapitre 37, versets 1 à 14. Dieu dit à Ezéchiel de prononcer un oracle contre les ossements afin qu'ils se rapprochent les un des autres, que la chair croisse et que leur vienne le souffle. Le prophète put ainsi voir devant lui une immense armée.
Il est important de souligner qu'Ezéchiel a eu cette vision alors que les Israélites étaient exilés à Babylone. Dieu a révélé cette vision à Ezéchiel pour lui faire comprendre qu'il ne les laisserait pas en terre étrangère comme esclaves, mais qu'il les ramènerait sur leurs terres en tant qu'hommes et femmes libres.
Dans la vallée
L'esprit du Seigneur amène Ezéchiel devant une vallée remplie d'ossements et Dieu lui demande: "Fils d'homme, ces ossements peuvent-ils revivre?" Ezéchiel affirme que seul le Seigneur Dieu le sait. Dieu lui dit alors de prononcer un premier oracle pour que les ossements de la vallée prennent vie, en faisant croître des nerfs et de la chair, car "ainsi parle le Seigneur". Ce que vit ensuite Ezéchiel devait ressembler à un film de zombies: les ossements se rapprochèrent et de la peau les recouvrit. Puis Dieu invita Ezéchiel à prononcer un oracle pour que ces hommes aient le souffle en eux, et ils vécurent.
La maison d'Israël
Cette vision est une métaphore. Les ossements incarnent la misère des Israélites en tant que captifs de l'empire babylonien du roi Nabuchodonosor. Les ossements sont desséchés; l'espérance des Israélites a disparu (Ezéchiel 37,11), car ils pensaient probablement que Dieu les avait abandonnés, à jamais, cette fois. Heureusement, ce n'est pas ainsi que cela s'est passé, car le Seigneur dit: "Je vais ouvrir vos tombeaux; je vous ferai remonter de vos tombeaux." La résurrection des ossements représentait la promesse divine de nous sortir de la captivité et de nous ramener chez nous, sur notre propre terre, un havre de paix, d'espérance et d'amour.
Dans une perspective actuelle
Aujourd'hui, nous sommes confrontés à l'empire décourageant du divorce, de la dette, de la maladie et du danger. Nous luttons parfois avec l'espérance et la réalité, nous sommes accablés en pensant que nous ne sommes pas capables d'échapper à l'idée qu'on nous a abandonnés. Tout cela, c'est parce que la réalité de cette situation qui nous est imposée entrave la paix promise par Dieu; nous oublions que Dieu ouvrira nos tombeaux et nous ramènera chez nous.
Aujourd'hui, brisez les chaînes qui tentent de déterminer votre réalité décourageante. Je vous implore de croire en la puissance de Dieu à faire l'impossible, à apporter la paix là où sévit la guerre, à apporter l'espérance là où règne le désespoir, à apporter la lumière dans l'empire des ténèbres, à transformer la grimace en sourire; car il est un Dieu omniscient, omnipotent et omniprésent. Il est partout, il sait votre désarroi. Il connaît vos problèmes et vos malaises et il a la solution à tout cela. De plus, il a le pouvoir de vous en délivrer et de vous réhabiliter dans un havre sûr et familier. Il l'a fait pour les Israélites. Il le fera pour vous.
A propos de l'auteur:
Jason A.G. Henry a 21 ans. Il est membre de l'église unie écossaise de Saint-André, 43a Duke Street Kingston, Jamaïque, Antilles, dont Ralph A. Hoyte a été le pasteur pendant 16 ans. Jason est enseignant à l'école de sa paroisse locale, en charge d'enfants âgés de 5 à 7 ans. Il est depuis peu titulaire d'une licence en psychologie de l'Université des Antilles (University of the West Indies).
