Les livres, maillons essentiels de la lutte contre le VIH et le SIDA en Afrique
Trente ans après le début de la pandémie de SIDA, il est devenu évident que les Eglises, les organisations non gouvernementales et les Etats doivent redoubler d'efforts dans la lutte contre la maladie et ses conséquences, a affirmé le principal organe directeur du Conseil œcuménique des Eglises (COE) lors de sa session qui s'est tenue en février 2011.
Grâce à l'un de ses programmes les plus ambitieux, le COE a créé et distribué environ 50 000 exemplaires de livres s'attaquant aux immenses problèmes que pose le SIDA en Afrique sur le plan pastoral et théologique.
Cette initiative de publication et d'éducation a déjà un quart de siècle et cette semaine, le Comité central du COE a rappelé que "la pandémie change d'aspect", c'est pourquoi il a encouragé ses Eglises membres à persévérer dans leurs efforts et à se rallier à la vision du programme des Nations Unies contre le VIH et le SIDA (ONUSIDA): "Zéro nouvelle infection au VIH – Zéro discrimination – Zéro décès dû au SIDA".
Le Comité central s'est exprimé sur le sujet dans une "note", c'est-à-dire une brève déclaration, en mettant en exergue le travail de l'Initiative œcuménique de lutte contre le VIH et le SIDA en Afrique (EHAIA), qui a débuté en 2002 dans le cadre du programme de santé et guérison du COE en collaboration avec la Conférence des Eglises de toute l'Afrique.
A l'initiative de publication de livres s'est ajouté un réseau de formation et de distribution centré sur cinq bureaux régionaux en Afrique – Nairobi, Lomé, Kinshasa, Harare et Luanda –, qui coordonnent la formation pastorale et font le lien entre les programmes et les séminaires.
"Une vision théologique inspirée et rigoureuse"
Rigoureusement contextuelle, l’initiative EHAIA vise à accompagner les Eglises et les institutions théologiques pour qu'elles deviennent "compétentes en matière de VIH", a expliqué la pasteure Nyambura Njoroge, coordinatrice du projet.
"Les livres de notre série contribuent efficacement grâce à leur vision théologique inspirée et rigoureuse du VIH et du SIDA", a-t-elle affirmé. Le programme "comprend également une formation adaptée, à l'intention du clergé et des laïcs, et s'efforce de stimuler la capacité des Eglises à mettre en œuvre des projets au niveau local pour lutter contre les difficultés que posent le VIH et le SIDA."
Parmi les principales ressources de la série figurent des titres traitant de la stigmatisation du SIDA, des perspectives théologiques sur la santé et la maladie, de la sexualité et du genre, des formations dans les séminaires et des problèmes spécifiques liés aux jeunes, à l'accompagnement pastoral et aux politiques publiques.
Aujourd'hui, les jeunes représentent dans le monde 40% des nouvelles infections de personnes âgées de 14 ans ou plus et, parmi les enfants, plus de 90% de toutes les nouvelles infections se produisent en Afrique sub-saharienne, selon les chiffres de l'ONU.
Malgré les progrès réalisés dans la lutte contre le VIH et le SIDA, la note du COE mentionne les nouveaux défis que posent les enfants nés avec le VIH qui approchent de la maturité sexuelle, les couples dont l'un ou les deux individus vivent avec le VIH, mais aussi les besoins des millions de veufs, veuves et orphelins.
Bien que de grands progrès aient été accomplis en matière d’assistance, de prévention et de traitements, "il y a actuellement dans le monde plus de 33 millions de personnes qui vivent avec le VIH", lit-on dans la note, un chiffre qui inclut les 10 millions de personnes toujours en attente d'un traitement.
Depuis l'apparition de la pandémie il y a trente ans, on estime que 60 millions de personnes ont été infectées au VIH, dont plus de 25 millions en sont mortes. Rien qu'en 2008, environ 2,7 millions d'individus ont été infectés, et près de 2 millions de personnes sont mortes de maladies liées au SIDA, selon l'ONU.
Jusqu'à présent, l'épidémie a rendu orphelins plus de 14 millions d'enfants en Afrique sub-saharienne.
25 années de soutien aux soins médicaux et à l'accompagnement pastoral
L'engagement du COE dans la cause du VIH et du SIDA remonte à 1986, quand son secrétaire général d'alors, le pasteur Emilio Castro, a été contacté par plusieurs Eglises et l'Organisation mondiale de la Santé pour lutter contre la stigmatisation du SIDA, qui décourageait le financement des soins médicaux et de l'accompagnement pastoral des personnes touchées par la maladie.
Axés sur la défense de la cause et l'éducation, les efforts et les partenariats du COE se sont développés au moyen des publications, de la coopération en réseaux et de la formation. Le premier manuel du COE sur l'accompagnement pastoral a été publié en 1991.
L'intensification de la collaboration avec les Eglises et les institutions théologiques a conduit à la réalisation de la série de livres et aux efforts d'accompagnement. Depuis 2001, c'est l'Alliance œcuménique "agir ensemble" qui est chargée de défendre la cause.
Texte complet de la note du Comité central
Plus d'informations sur la session du Comité central