Au Soudan, des jeunes et des femmes cernent les défis qu'affronte leur pays déchiré par la guerre
Evaluant avec lucidité la manière dont deux décennies de guerre les ont affectés, de jeunes Soudanais ont exposé aux responsables d'Eglises leurs besoins les plus immédiats: une formation professionnelle, du travail, et les moyens de participer à l'organisation de l'avenir de leur pays. Des femmes soudanaises, de leur côté, ont parlé de leur vulnérabilité, accrue par la guerre et les structures culturelles.
Au Soudan, les jeunes ont été traités "en objets passifs plutôt qu'en participants actifs à l'organisation de la société", lit-on dans la déclaration formulée par une trentaine de jeunes chrétiens soudanais réunis à Juba, capitale du Sud-Soudan, pour une conférence de trois jours qui rassemblait des responsables d'Eglises, des femmes et des jeunes. La conférence constituait la dernière étape d'une visite de solidarité oecuménique internationale dans le pays qui s'est déroulée du 26 mars au 2 avril.
Alors que les jeunes chrétiens soudanais sont convaincus que les jeunes ont un "rôle capital" à jouer dans "le règlement du conflit, l'édification de la paix et le développement durable", la réalité montre que beaucoup sont "détournés par des politiciens uniquement préoccupés de réaliser leurs objectifs par la guerre et les conflits meurtriers", faisant d'eux "des victimes et des auteurs d'actes de violence".
La culture de la guerre, les niveaux élevés d'analphabétisme et de pauvreté, le manque d'emplois et de possibilités de formation, de même que le tribalisme et la vulnérabilité au VIH et au sida sont parmi les défis auxquels sont confrontés les jeunes Soudanais.
Pour que les jeunes soient en mesure de participer à l'édification de la nation, ils ont besoin de centres de formation où ils puissent acquérir "des connaissances techniques et générales" ainsi que des compétences qui les aideront à s'attaquer "à la lutte contre le VIH et le sida, à la transformation des conflits, et à la promotion des droits humains et de la démocratie". La création d'emplois pour les jeunes "devrait être une priorité pour l'Eglise et le gouvernement".
Les Eglises ont un rôle spécifique à jouer pour aider les jeunes à contribuer à la mise en oeuvre de l'Accord global de paix de 2005 et pour encourager la guérison et la réconciliation. Elles ont aussi le devoir de faire campagne en faveur des droits des personnes vivant avec le VIH et le sida.
Ressources et expériences des femmes
Le coût de 21 ans de guerre entre le Nord et le Sud du Soudan a été lourd pour les femmes aussi, comme l'explique le rapport rédigé par une trentaine de femmes à la conférence de Juba.
Ce coût inclut les familles dispersées, la violence fondée sur le sexe, l'augmentation du nombre des veuves, "particulièrement vulnérables aux tentatives de les dépouiller de leurs biens et victimes de la coutume de l'héritage des veuves", les mariages forcés et le développement de la polygamie. Le VIH et le sida sont une source de plus de stigmatisation des femmes.
Parmi d'autres propositions, le rapport remis aux responsables d'Eglises soudanais recommande la promotion "des droits des femmes par des campagnes de sensibilisation et de formation aux questions de genre" et leur demande "de rompre le silence qui entoure les questions de la sexualité, du VIH et du sida, d'investir dans l'éducation des adultes, femmes et hommes, et d'encourager les hommes chrétiens - les pères - à s'intéresser à la vie de leurs familles."
L'Eglise devrait "cesser d'appliquer deux poids, deux mesures dans l'approche des questions morales et la définition des attentes, en particulier par rapport aux femmes et aux hommes", affirment encore les femmes dans leur rapport.
"La réconciliation, le pardon et les programmes de guérison" devraient continuer à figurer parmi les premières priorités des Eglises, ajoutent-elles, et les Eglises devraient impliquer les femmes dans leur mise en oeuvre, de manière à tirer parti de leurs ressources et de leurs expériences.
Organisée par la Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA) et le Conseil oecuménique des Eglises (COE), la visite de solidarité oecuménique internationale était accueillie par le Conseil des Eglises du Soudan (SCC). Sous la conduite du secrétaire général du COE, le pasteur Samuel Kobia, quatre équipes de représentants d'Eglises se sont rendues à Khartoum, à Yambio, à Rumbek et au Darfour.
Des photos à haute résolution de la visite de solidarité oecuménique internationale au Soudan sont disponibles gratuitement sur demande.
Le rapport complet de l'atelier des jeunes de Juba est disponible en PDF (en anglais)
Le rapport complet du séminaire des femmes de Juba est disponible en PDF (en anglais)
Informations complémentaires sur la visite et photos à haute résolution
Eglises membres du COE au Soudan