La réconciliation implique de transformer la société, déclare le pasteur Kobia au Nicaragua
Il ne peut y avoir de réconciliation sans transformation de la société, a déclaré à Managua le pasteur Samuel Kobia, secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises (COE), à l'occasion d'une visite qui l'a conduit au Nicaragua du 2 au 5 novembre.
Accompagné par une petite délégation oecuménique, le secrétaire général du COE a saisi l'occasion d'une visite aux Eglises nicaraguayennes membres du Conseil pour effectuer une visite de solidarité dans le cadre du programme "Lettres vivantes", rattaché à la Décennie "vaincre la violence".
Cette visite s'est déroulée quelques jours avant des élections municipales qui, en raison d'une polarisation politique croissante, étaient considérées comme une sorte de référendum au sujet du parti sandiniste au pouvoir. Un climat de tensions et de violences sporadiques en ont résulté. La délégation oecuménique a entendu des responsables des Eglises nicaraguayennes et des représentants d'organisations oecuméniques lui faire part de leurs préoccupations et de la nécessité d'instaurer la paix et la réconciliation.
Prêchant dans le cadre de services oecuméniques à Managua, capitale du pays, et à Puerto Cabezas, sur la côte des Caraïbes, le pasteur Kobia a mis l'accent sur le ministère de réconciliation des Eglises nicaraguayennes dans ce pays dont l'histoire est marquée par des siècles "de violence et de blessures", du régime colonial espagnol au "conflit dit 'larvé' des années 1980", pendant la dictature de Somoza et la lutte pour y mettre fin.
"La réconciliation, qui a son prix, sera réelle quand la transformation psychologique, sociale et politique de la société sera devenue réalité - et si elle y parvient", a déclaré le pasteur Kobia, ajoutant que, contrairement à "la réconciliation à bon marché", cette réconciliation coûteuse "implique des relations constructives, le pardon et la justice".
Alors que le pardon "consiste à se débarrasser du fardeau du passé pour instaurer à l'avenir des relations moins douloureuses", la justice doit aller au-delà des châtiments prévus par le système juridique pour englober la "justice restauratrice", seule capable d'affronter "de manière satisfaisante la culpabilité et la victimisation".
Le programme de la visite oecuménique comportait un Forum théologique sur l'oecuménisme et la lutte contre la violence en Amérique centrale, des cérémonies oecuméniques et des rencontres avec des responsables d'Eglises et d'organisations oecuméniques, ainsi que des représentants de la société civile et des autorités.
A Managua, le pasteur Kobia a été décoré de l'ordre Martin Luther King de la paix, décerné par l'Institut Martin Luther King de l'Université polytechnique du Nicaragua.
"Dans ce monde, la religion et la foi recèlent un grand pouvoir de guérison et de réconciliation", a déclaré le pasteur Kobia dans un discours prononcé à l'Université à cette occasion. "Alors que l'intolérance religieuse a été source de conflits tout au long de l'histoire, de nos jours, le dialogue interreligieux constitue la base permettant de désamorcer les tensions et de promouvoir la coexistence pacifique, même dans les régions touchées par des conflits."
L'Institut Martin Luther King, qui fête ses 15 ans d'existence cette année, a joué un grand rôle dans le processus qui a débouché sur l'instauration par les Nations Unies de l'Année internationale de la réconciliation, prévue pour 2009.
Le secrétaire général du COE s'est vu décerner le titre d'hôte d'honneur de la ville de Managua, dont il a reçu les clés des mains du maire, Dionisio Marenco.
La délégation des Lettres vivantes se composait de Noemi Espinoza, de l'Eglise réformée chrétienne du Honduras, vice-présidente de la Commission des Eglises pour les affaires internationales du COE, et d'Ashley Hodgson, de l'Eglise morave du Nicaragua, membre du Groupe de référence international de la Décennie "vaincre la violence" du COE.
D'ici à 2010, plusieurs visites de Lettres vivantes auront lieu dans le monde entier dans le cadre de la Décennie "vaincre la violence" et en vue de la préparation du Rassemblement oecuménique international pour la paix, prévu pour mai 2011 à la Jamaïque.
Eglises membres du COE au Nicaragua (en anglais)
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