14.04.09 08:50 Il y a: 3 yrs

Sri Lanka, une "crise humanitaire qui dépasse l'entendement"

 

Lors d'une manifestation pour la paix à Colombo, Sri Lanka, en mai 2006, Soeur Placida Leenakaduwa tient une pancarte clamant "Non à la guerre". Photo: Dushiyanthini Kanagasabapathipillai

Une consultation oecuménique internationale a appelé le gouvernement de Sri Lanka et le mouvement rebelle des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) à mettre un terme aux combats afin de libérer des dizaines de milliers de civils piégés dans une zone de guerre au nord du pays.

 

Dans une déclaration rendue publique à l'issue d'un rassemblement oecuménique international organisé à Bangalore début avril, les participants ont exprimé leur "profonde préoccupation face à la crise humanitaire en constante dégradation qui se déroule dans les régions septentrionales de Sri Lanka."

 

Quelque "180 000 personnes sont prises au piège dans la zone de guerre, au milieu des bombardements et des tirs croisés, privés d'éléments fondamentaux tels que de la nourriture, des médicaments, des abris et des sanitaires", lit-on dans la déclaration publiée par le rassemblement, qui a été organisé par le Conseil oecuménique des Eglises, en collaboration avec la Conférence chrétienne d'Asie (CCA) et le Conseil des Eglises d'Asie du Sud (SACC).

 

Les participants au rassemblement ont appelé "le gouvernement sri-lankais et les LTTE à cesser immédiatement les opérations militaires en cours afin de garantir un passage sécurisé qui serait mis en place par des agences crédibles et neutres pour les personnes prises au piège dans la zone de guerre."

 

Les LTTE devraient "mettre en place un sauf-conduit pour les personnes qui veulent quitter ces zones et éviter toute forme de conscription forcée pour les enfants ou les adultes", exhorte la déclaration. Par ailleurs, le gouvernement sri lankais est instamment invité à "permettre aux agences internationales et nationales d'accéder aux personnes se trouvant dans les camps et dans les zones de combats, et de leur porter assistance."

 

Bien que le pays soit confronté à une "crise humanitaire qui dépasse l'entendement", il revient au gouvernement de mettre en oeuvre des "négociations avec toutes les parties concernées et de présenter les grandes lignes d'une formule politique qui permettrait de trouver une solution durable aux problèmes qui sont à la racine du conflit", indique la déclaration.

 

"La CCA organise un Dimanche de l'Asie qui sera observé le 15 mai, or cette année un accent spécial est mis sur Sri Lanka. Le rassemblement a ainsi appelé les Eglises du monde entier à s'unir dans la prière pour la paix à Sri Lanka à cette occasion", affirme le responsable du programme du COE pour l'Asie, Mathews George Chunakara.

 

Le Rassemblement international sur la paix, la sécurité et le développement en Asie du Sud s'est déroulé à Bangalore, en Inde, du 30 mars au 2 avril 2009. Il a réuni une soixantaine de participants, principalement des leaders d'Eglise et des responsables oecuméniques d'Asie du Sud ainsi que des représentants d'Eglises membres du COE, de la CCA et du SACC, mais aussi des agences de développement, de secours et d'entraide humanitaire de la région, d'Europe et d'Amérique du Nord.

 

Les Eglises asiatiques appellent au retrait des troupes américaines d'Afghanistan

 

Alors que les Etats-Unis cherchent à rallier leurs alliés de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) à sa stratégie sud-asiatique, qui implique le renforcement de la présence militaire en Afghanistan par des milliers de soldats internationaux - essentiellement américains - supplémentaires, les participants au Rassemblement ont appelé au "retrait des troupes de combat internationales menées par les Etats-Unis et stationnées en Afghanistan."

 

Ils ont également appelé "la communauté internationale à garantir que le vide de pouvoir qui en découlera soit comblé par une force de maintien de la paix des Nations Unies principalement composée de troupes asiatiques." Cette stratégie, précise la déclaration, "permettra la transition du pays vers la stabilité."

 

"La présence importante de 52 000 soldats étrangers en Afghanistan et la dépendance vis-à-vis de cette force ont accentué l'animosité parmi les populations autochtones et au Pakistan voisin. Cette situation crée une atmosphère propice à l'exploitation, par des groupes extrémistes, des sentiments religieux des gens ordinaires pour les amener à commettre davantage de violence", lit-on dans la déclaration.

 

Analysant ce qu'ils considèrent comme "l'une des régions les plus volatiles du monde", les participants au Rassemblement ont indiqué dans la déclaration que "l'Asie du Sud est devenu un terrain majeur de la guerre contre la terreur et une victime des intérêts stratégiques des principales puissances, qui maintiennent la région dans une agitation et une incertitude constantes."

 

Avec "la guerre contre la terreur menée par les Etats-Unis" comme cadre global des conflits affectant la région, "le ressentiment envers les forces étrangères" progresse "dans divers secteurs de la société, en particulier lorsque les populations ont le sentiment que la paix et la sécurité en Asie du Sud sont dictées par les objectifs et intérêts stratégiques des Etats-Unis."

 

Le Rassemblement a condamné "toutes les formes de terrorisme, tant de la part d'Etats que de la part d'acteurs non étatiques en Asie du Sud." Il a également exprimé sa "préoccupation concernant l'émergence de l'extrémisme et du fondamentalisme religieux dans tous les pays de la région." Parmi les "points positifs offrant une lueur d'espoir", la déclaration du Rassemblement mentionne un certain nombre de "transitions démocratiques et processus électoraux", comme ceux qui ont eu lieu récemment au Bhoutan, aux Maldives et au Népal.

 

Déclaration du Rassemblement international sur la paix, la sécurité et le développement en Asie du Sud (en anglais)