12.09.08 12:21 Il y a: 3 yrs

La délégation du COE témoin de blessures profondes en Ossétie du Sud et de paroles d'apaisement à Moscou

 

Près d'un mois après la guerre, un nouvel incendie ravage cette maison située près de la route nationale d'Ossétie du Sud. Photo: Jonathan Frerichs/COE

Dans la deuxième partie de sa visite pastorale du 3 au 7 septembre en Géorgie et en Russie, la délégation du Conseil oecuménique des Eglises (COE) s'est trouvée confrontée, en Ossétie du Sud, aux destructions subies par des communautés ethniques géorgiennes, aux blessures profondes infligées à la société locale et aux ravages causés par la guerre dans la capitale. Ces constatations ont accru le caractère d'urgence des préoccupations soulevées par les représentants gouvernementaux et ecclésiastiques durant leur passage à Moscou.

 

Les villages - détruits maison par maison - ont été le premier triste spectacle qui s'est offert à la délégation lorsqu'elle est arrivée en Ossétie du Sud par la route venant de l'Ossétie du Nord: des quartiers entiers rasés, pour la plupart démolis ou incendiés, ou les deux. Les membres de la délégation ont vu les ruines laissées par les pillages et les incendies criminels, et aussi des voitures chargées de personnes qui semblaient être des membres de groupes d'autodéfense. La visite avait lieu près d'un mois après la fin de la guerre.

 

Les représentants de l'Ossétie du Sud ont affirmé à la délégation qu'ils ne rétabliraient jamais l'enclave ethniquement partagée dans son statut d'avant la récente guerre. "Nous avons cherché des contacts avec la Géorgie", a dit Alan Pliev, vice-ministre des Affaires étrangères, "en réponse, ils nous ont envoyé des troupes." Les représentants de l'Ossétie du Sud ont vigoureusement condamné les dirigeants de la Géorgie et la politique de ce pays à l'égard de l'enclave. Ils ont critiqué tout particulièrement la campagne "La Géorgie aux Géorgiens", lancée au début des années 1990, qui avait d'ailleurs déjà fait l'objet de critiques dans la plupart des réunions organisées dans la région et en Russie.

 

Auparavant, le vice-ministre des Affaires étrangères de Russie Grigory Karasin avait souligné la nécessité d'établir la paix entre groupes ethniques "de telle sorte que l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie ne se transforment pas en Etats mono-ethniques". Le ministre a affirmé que les dirigeants des deux régions comprenaient la préoccupation de Moscou, mais que l'attaque de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud était un coup porté aux relations interethniques dans la région.

 

Ayant vu des photos satellite montrant d'importantes destructions de villages, en majorité d'ethnie géorgienne, après la guerre près de Tskhinvali, la délégation a soulevé la question dans son entrevue avec Grigory Karasin. Celui-ci a répondu que son gouvernement avait envoyé une équipe à La Haye pour avoir des informations sur les faits présentés par le gouvernement géorgien. Il a indiqué que l'armée russe avait des instructions strictes pour faire cesser les pillages.

 

"Les réfugiés ont le droit de rentrer. Ils devraient revenir s'ils le souhaitent", a dit le ministre, en ajoutant qu'il appartient à la communauté internationale de "créer des conditions acceptables pour eux." Il a affirmé que c'était le comportement géorgien qui avait causé l'intervention militaire de la Russie en Géorgie.

 

A Moscou également, une personne responsable des secours de l'Eglise russe a affirmé à la délégation du COE: "Un témoignage commun de l'Eglise orthodoxe russe et de l'Eglise orthodoxe de Géorgie est décisif dans cette crise." Margarita Nelyubova, collaboratrice de longue date de l'entraide des Eglises dans le Caucase et membre du Comité central du COE, a dit à ce propos: "Nous ne pouvons pas travailler en Géorgie en raison des contraintes politiques, mais nous voulons savoir comment apporter notre aide."

 

La délégation, comme les organisations d'entraide, n'a pas pu entrer en Ossétie du Sud à partir de la Géorgie. Ses membres ont exprimé leur inquiétude à Grigory Karasin à propos des entraves à l'accès humanitaire pourtant promis par la Russie dans l'accord de cessez-le feu.

 

Le programme préparé pour la délégation en Ossétie du Sud comprenait des rencontres avec les dirigeants locaux et des visites aux quartiers de la ville endommagés par la guerre, y compris un hôtel où vivent aujourd'hui 184 personnes qui ont perdu leur maison durant la bataille pour la ville en août.

 

"Nous sommes ici pour manifester la solidarité de l'Eglise mondiale et informer nos Eglises de la situation", a dit aux responsables locaux le pasteur Jean-Arnold de Clermont, de l'Eglise réformée de France, président de la Conférence des Eglises européennes (KEK). Les autres membres de la délégation du COE étaient le métropolite Nifon de Targoviste (Eglise orthodoxe romaine, qui n'a pas assisté à cette entrevue), le pasteur László Lehel (directeur de l'Entraide des Eglises de Hongrie HIA, qui représentait ACT International), ainsi que la pasteure Elenora Giddings Ivory et M. Jonathan Frerichs (responsables de programme au COE).

 

Le groupe a mentionné qu'un dirigeant baptiste de Tbilissi s'était adressé au COE en disant: "Priez pour la repentance de tous les côtés - parce que nous avons tous mal agi. Priez pour la confession des fautes et pour la réconciliation."

 

"De quoi aurions-nous à nous repentir?", a rétorqué Sonia Hubaeva, conseillère auprès de la présidence, en ajoutant que sa famille avait subi des mauvais traitements et avait été expulsée de Géorgie centrale. L'évêque d'un diocèse orthodoxe local, qui était également présent à la réunion, a dit qu'il était témoin depuis 20 ans des violences exercées contre les Ossètes et que trois membres de sa famille avaient été tués.

 

Dans les faubourgs de Tskhinvali, la délégation a fait une autre tentative pour pénétrer dans la zone tampon autour de l'Ossétie du Sud afin de rendre visite au métropolite local de l'Eglise orthodoxe de Géorgie, resté là avec un petit groupe de prêtres et de nonnes. Les forces russes de maintien de la paix ont fait savoir qu'elles n'étaient pas en mesure d'accéder à cette demande. Il s'agissait du deuxième effort infructueux du groupe pour traverser la ligne de cessez-le-feu. On rapporte que des milliers de personnes continuent à vivre dans cette zone dans des conditions incertaines.

 

Galerie de photos

 

Informations complémentaires sur la visite

 

Informations complémentaires en anglais

 

Appel de l'Action commune des Eglises en faveur de l'aide humanitaire (en anglais)