26.06.08 14:59 Il y a: 4 yrs

Le Zimbabwe a besoin d'une aide humanitaire d'urgence et d'un report de l'élection, selon un jeune leader oecuménique

 

Prosper Munatsi, secrétaire général du Mouvement chrétien des étudiants zimbabwéens. Photo: Juan Michel/WCC
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Le second tour de l'élection présidentielle au Zimbabwe doit être reporté, affirme un jeune responsable du Mouvement chrétien des étudiants zimbabwéens (SCMZ), qui se trouve en Suisse pour demander aux Eglises leur soutien dans la crise que traverse ce pays d'Afrique australe.

 

Prosper Munatsi, secrétaire général du SCMZ, espérait pouvoir se rendre à Genève déjà la semaine dernière pour présenter au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies son témoignage de la crise politique et humanitaire que connaît le Zimbabwe. Au lieu de cela, il a été jeté en prison juste avant son départ du Zimbabwe, lorsque le Centre oecuménique de Harare, où plusieurs organisations chrétiennes sont installées, a fait l'objet d'une rafle de la police et des forces de sécurité zimbabwéennes le 9 juin.

 

Son séjour en prison et sa propre expérience de la situation au Zimbabwe l'ont poussé à appeler à un report de l'élection et à une intervention internationale.

 

Bien qu'il ait été emprisonné par le passé pour une période plus longue, sa détention de 24 heures, la semaine dernière, a été "terrifiante", déclare Prosper Munatsi. Outre les intimidations et les informations selon lesquelles des personnes seraient tuées en prison, il affirme que l'endroit n'était "pas adapté pour accueillir des personnes". La prison était dépourvue d'eau, d'électricité et de couvertures et les détenus devaient dormir "sur le sol froid" en plein hiver.

 

La description que fait Prosper Munatsi de la prison de Harare, où lui et plusieurs autres membres d'organisations chrétiennes ont été détenus, ressemble à un instantané de la situation dans le pays. "La violence échappe vraiment à tout contrôle", selon le leader étudiant. Si elle touchait auparavant essentiellement des zones rurales, elle s'est aujourd'hui propagée "à tout le pays". La pénurie de denrées alimentaires est "vraiment critique", la moitié de la population, dont près de deux millions d'enfants, étant "confrontée à la famine".

 

L'un des principaux objectifs de la brève visite de Prosper Munatsi à Genève, Bâle et Berne est de demander le soutien d'organisations oecuméniques et d'Eglises. La crise humanitaire nécessite une intervention immédiate des Eglises. En plus du problème alimentaire, près de 40'000 personnes ont été déplacées et manquent de tout, y compris d'un accès aux installations de santé. Les Eglises locales font de leur mieux, mais elles sont à court de ressources. "L'ampleur de la crise est telle qu'elles ne peuvent plus aider, loger ou nourrir les gens."

 

Robert Mugabe ne peut pas tuer tous les Zimbabwéens

 

Les Zimbabwéens font tout leur possible pour parvenir à une solution non violente, démocratique et pacifique à la crise, explique Prosper Munatsi, et les efforts des Eglises ne se limitent pas à l'aide humanitaire. "Elles sont tout à fait disposées à observer les élections", mais le gouvernement du président Robert Mugabe affirme que "les Eglises doivent s'en tenir à leur chaire", ajoute-t-il. En ne leur permettant pas de désigner des observateurs pour les élections, "on a refusé aux Eglises leurs droits démocratiques."

 

Les Zimbabwéens sont-ils déçus du leader d'opposition Morgan Tsvangirai, qui s'est retiré du second tour de l'élection, les empêchant, d'une certaine manière, d'exercer leur droit de vote? "Non, nous ne sommes pas déçus", affirme Prosper Munatsi. "C'est ce qu'il fallait faire, parce que cette décision fait passer la vie des Zimbabwéens avant toute ambition politique."

 

Pour le moment, les observateurs électoraux de la communauté internationale "observent les violences meurtrières", souligne Prosper Munatsi. Dans les conditions actuelles, l'élection "doit être reportée" et "la communauté internationale doit intervenir pour mettre fin à la violence et à la folie, ainsi qu'à la guerre qui est menée contre le peuple innocent et sans défense du Zimbabwe". Il estime que des "observateurs de la paix" doivent être déployés et que des mécanismes doivent être mis en place pour "créer un environnement propice à des élections libres et équitables".

 

Emprisonné à deux reprises au cours des deux derniers mois, Prosper Munatsi regagne son pays pour occuper sa fonction de responsable d'une organisation oecuménique de jeunes chrétiens, qui ne peut pas tenir un registre de ses quelque 3'000 membres, craignant la répression politique. A Harare l'attendent des bureaux où les meubles ont disparu, où les documents ont été confisqués et les ordinateurs volés, laissant l'organisation sans lieu de travail ni moyens pour travailler.

 

Cependant, Prosper Munatsi n'a pas peur de rentrer au pays. "Mugabe ne peut pas tuer tous les Zimbabwéens", affirme-t-il. "Nous devons faire preuve de courage et travailler pour le peuple", afin qu'il puisse vivre librement et "jouir des droits que Dieu lui a donné".

 

 

Extraits audio de cet entretien (en anglais ; 3,13 MB)

 

Photo gratuite en haute résolution de Prosper Munatsi

 

Voir également le communiqué de presse du COE du 24 juin 2008 : "Des organisations oecuméniques mondiales demandent à la communauté internationale d'intensifier ses efforts au Zimbabwe"

 

Invitation du COE à prier pour le Zimbabwe

 

Eglises membres du COE au Zimbabwe (en anglais)