Malgré des lois favorables aux femmes en Inde, la discrimination et la violence demeurent
Les lois prévues en Inde pour donner plus de pouvoir aux femmes et les protéger ont perdu leur "substance", selon des organisations qui déplorent que l'inaction du gouvernement dans la mise en oeuvre de ces lois.
Des responsables d'importantes organisations des droits des femmes en Inde ont rencontré une délégation oecuménique chrétienne du Conseil oecuménique des Eglises (COE) afin de sensibiliser la communauté internationale aux violences faites aux femmes et à l'inefficacité des lois censées les protéger.
L'équipe de "Lettres vivantes" s'est rendue en Inde dans le cadre de la Décennie "vaincre la violence" du COE, qui aboutira en 2011 au Rassemblement oecuménique international pour la paix. En Inde, la délégation a pu entendre des histoires de violence à l'encontre des femmes, des dalits et des chrétiens.
"L'année dernière, le nombre de morts liées à la dot a augmenté", a affirmé Premindha Bannerjee, de l'Union chrétienne féminine, au Centre pour l'inclusion et l'équité de New Delhi à l'occasion de la Journée internationale de prière pour la paix (21 septembre).
"Nous continuons de réfléchir ensemble pour déterminer quelle est la véritable cause des meurtres liés à la dot", a expliqué Premindha Bannerjee. "La loi contre ce genre de meurtres était efficace dans les années 1980 et 1990, mais après quelques affaires portées devant la Cour suprême, elle a perdu toute sa substance. Il y a environ 45 lois en Inde qui sont très favorables aux femmes, mais leur mise en oeuvre est très compliquée. Nous devons nous concentrer sur les techniques de mise en oeuvre."
Bulu Sarin, de Christian Aid, a déclaré que la portée de la violence faite aux femmes en Inde s'est étendue, ne comprenant plus seulement la violence physique, mais aussi la violence émotionnelle et psychologique. Les femmes qui sont harcelées mentalement peuvent désormais recourir à la loi. La Loi sur la prévention de la violence domestique est entrée en vigueur en 2005. Cependant, le taux de condamnation des auteurs de violences est bas, car les femmes sont souvent confrontées à des policiers et des juges qui ne font preuve d'aucune considération.
Le viol, le harcèlement sexuel, l'infanticide des filles et l'augmentation des agressions à l'acide sont d'autres questions pressantes auxquelles les femmes sont confrontées en Inde. Les militantes ont également dénoncé le rôle secondaire auquel sont reléguées les femmes au sein de l'Eglise, ajoutant qu'il y a beaucoup à faire pour corriger le déséquilibre hommes-femmes dans le leadership de l'Eglise. Or malgré les incitations à l'éducation des filles faites au cours des dix dernières années, et le fait que le nombre de femmes est supérieur à celui des hommes sur les bancs des universités indiennes, les femmes ne sont pas encouragées à travailler une fois mariées.
"Aujourd'hui, des femmes de la classe moyenne viennent vers nous; elles sont éduquées mais lorsqu'elles se marient, elles découvrent que leurs époux ne veulent pas qu'elles travaillent", a expliqué Premindha Bannerjee. "Les maris disent: 'Je te donne des vêtements et des voitures, donc tu n'as pas besoin de travailler.' Les policiers eux-mêmes ne reconnaissent pas la violence émotionnelle. Ils disent à ces femmes: 'Pourquoi ne portez-vous pas le sari? Soyez une bonne épouse; s'il ne veut pas que vous portiez des jeans, n'en portez pas'."
Annie Raja, secrétaire générale de la Fédération nationale des femmes indiennes, a déclaré que le mouvement pour les femmes se battait pour qu'au moins un tiers des sièges au Parlement soit réservé aux femmes. "Les hommes et les femmes ont les mêmes droits civiques", a-t-elle déclaré à la délégation de "Lettres vivantes". "Or quand on regarde la composition du Parlement par sexes, il n'y a peut-être que 10% de femmes, et ceci après 62 ans d'indépendance indienne."
Au cours des dix dernières années, le mouvement pour les femmes a intensifié ses déclarations sur la question de la violence subie par les femmes dalits - caste d'exclus également connue sous le nom d'intouchables. Annie Raja a expliqué que bien que les universités soient tenues par la loi de réserver 27% des places aux dalits et autres castes défavorisées, la loi est rarement mise en oeuvre.
"Des responsables chrétiens de l'Inde appellent à mettre fin à la discrimination de caste, y compris au sein des Eglises" (en anglais)
"Les chrétiens commencent à reconstruire leur vie dans l'Orissa"
Visite de "Lettres vivantes" en Inde
Programme du COE de solidarité avec les dalits pour la justice et la dignité
Eglises membres du COE en Inde