22.02.11 15:50 Il y a: 1 yrs

Le Sud-Soudan reste à construire et le mouvement œcuménique y a son rôle à jouer

 

De gauche à droite: le pasteur James Lagos Alexander, le pasteur Samuel Kobia et l'évêque Robert Aboagye-Mensah.

Vendredi, des responsables d'Eglise africains ont rendu hommage aux organisations œcuméniques – et en particulier au Conseil œcuménique des Eglises (COE) – pour leur contribution au "miracle" de l'indépendance du sud du Soudan.

 

Ils ont cependant rappelé qu'il reste "un long chemin à faire" et que la communauté internationale devra maintenir ses efforts pendant encore quelque temps.

 

Lors du référendum du 9 janvier, près de 99% des électeurs du Sud-Soudan – dont la population est essentiellement chrétienne et animiste – ont opté pour la sécession d'avec le Soudan, qui est lui majoritairement musulman. Ils ont ainsi donné naissance au plus jeune Etat au monde.

 

Conformément à l'Accord de paix global (CPA) de 2005, le Sud-Soudan deviendra officiellement indépendant le 9 juillet et prendra le nom de République du Sud-Soudan.

"Quand vient la fin de la journée, nous rendons grâce à Dieu pour avoir mis fin à la guerre", a déclaré le pasteur James Lagos Alexander, de l'Eglise africaine de l'intérieur, qui est basée dans la capitale soudanaise, Khartoum. Il s’exprimait à l’occasion d'une séance sur le Soudan très suivie, organisée pendant la session du Comité central du COE à Genève, Suisse.

 

"Le référendum prouve que les Sud-Soudanais sont à la hauteur. Je vous demande de continuer à les accompagner", a-t-il déclaré.

 

Dans ce pays qui s'est affranchi du Royaume-Uni et de l'Egypte en 1956, le référendum marque la fin de près de soixante ans de conflits inextricables, dont deux guerres civiles totalisant plus de trente années en tout (1963-1972 et 1983-2005). Pendant ces années, plus de 2 millions de Soudanais ont trouvé la mort et 4 millions de personnes ont été déplacées.

 

Le fait que le référendum se soit déroulé sans heurts et conformément au calendrier est à mettre au crédit notamment des responsables religieux africains et des organisations œcuméniques de la région et du continent.

 

Ce sont le Forum œcuménique du Soudan (SEF), créé en 1995 alors que la seconde guerre civile battait son plein, la Conférence des Eglises de toute l'Afrique (CETA), le Conseil des Eglises du Soudan et, plus récemment, une délégation diplomatique du SEF emmenée par l'envoyé spécial œcuménique Samuel Kobia, ancien secrétaire général du COE, qui ont été les fers de lance de ces efforts.

 

Le référendum était prévu par le CPA de 2005 entre le nord et le sud, dans lequel les Eglises ont joué un rôle de médiateur.

 

"En 2009, les Eglises du Soudan s'étaient rendu compte que les préparatifs [du scrutin] ne se déroulaient pas comme prévu", a expliqué le pasteur Kobia. "C'est pourquoi nous avons appelé la communauté œcuménique internationale à voler au secours du CPA."

 

La délégation du SEF a rapidement pris en main quatre problématiques: veiller à ce que toutes les parties au CPA restent engagées à organiser le référendum comme prévu, créer une atmosphère de paix pour le scrutin dans l'ensemble du Sud-Soudan, promouvoir une unité d'intention en faveur du scrutin, et mettre en place un important travail d'éducation civique.

 

"Pour la plupart des Soudanais, cette élection était une première", a expliqué le pasteur Kobia, "c’est pourquoi les Eglises avaient déployé 350 observateurs. A ma connaissance, on n’a jamais surveillé d'aussi près un scrutin."

 

La reconnaissance générale de la validité du scrutin signifie que "personne n’a contesté les résultats", a déclaré le pasteur Kobia. "Le premier à l'avoir reconnue, c'est Omar al-Bashir", a-t-il ajouté au sujet du président soudanais, qui s'était pendant longtemps obstinément opposé au référendum.

 

Désormais, les regards tournés vers le 9 juillet 2011, date à laquelle commencera l'édification de la nation sud-soudanaise. Le pasteur Kobia a formulé huit enjeux à aborder dans le sillage du référendum.

 

Ces huit enjeux portent notamment sur un second référendum à Abyei, territoire riche en pétrole coincé entre le Nord et le Sud du Soudan, la poursuite de la démarcation de la frontière, un accord sur le partage de la manne pétrolière, la gestion de l'eau, les dettes, les accords de citoyenneté, les arrangements internationaux et les accords en matière de sécurité.

 

Après avoir participé activement au processus de paix, les Eglises doivent désormais "entamer un processus de discernement quant à la façon d'accompagner dans la solidarité le peuple dans l'édification de sa nation", a indiqué le pasteur Kobia.

 

Par ailleurs, il s'inquiète du sort des chrétiens au nord, où un renforcement de la loi islamique, la charia, semble inévitable. "Khartoum souhaite que les chrétiens n'aient aucun droit au nord", a-t-il déploré. "De nombreuses Eglises et écoles chrétiennes sont vides aujourd'hui, mais il reste une communauté chrétienne dynamique au nord. C'est pourquoi, avec la CETA et le Conseil des Eglises au Moyen-Orient, nous nous concertons pour déterminer comment soutenir au mieux nos frères et sœurs du nord du Soudan."

 

Les Eglises et la communauté œcuménique auront un rôle essentiel à jouer dans un avenir proche, a affirmé l'évêque méthodiste ghanéen Robert Aboagye-Mensah, vice-président de la CETA.

 

"Il est important de comprendre le rôle clé que peut jouer l'Eglise pour faire en sorte que ces changements soient possibles", a-t-il souligné. "Si l'Eglise n'avait pas accompagné les Soudanais, le CPA n'aurait jamais vu le jour et le référendum n'aurait jamais eu lieu. Maintenant que ce nouveau pays est né, les Soudanais adressent le message suivant à l'Eglise: 'De grâce, ne nous abandonnez pas!'"

 

Eglises membres du COE au Soudan

 

Plus d'informations sur la session du Comité central

 

Photos de la réunion